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La métrologie du temps
Le cadre théorique de la mesure du temps
Le cadre théorique de la mesure du temps a bien sûr évolué
au cours de l'histoire de l'humanité. Le modèle newtonien,
qui était la référence jusqu'au début du XXème
siècle, admet l'existence d'un espace et d'un temps absolus. A
la suite de diverses expériences d'optique et d'électrodynamique
(Fizeau, 1849, Foucault, 1850, électrodynamique de Maxwell en 1869,
mesure de la vitesse absolue orbitale de la Terre par Michelson, 1881,
puis Michelson et Morley, 1887) le modèle newtonien a été
pris en défaut. Ce n'est qu'en 1905, dans le cadre de la théorie
de la relativité restreinte d'Einstein
, que les résultats de ces expériences pourront être
expliqués. La relativité restreinte est cependant une théorie
qui ne prend pas en compte les forces gravitationnelles engendrées
par les masses situées dans notre univers. La théorie de
la relativité générale d'Einstein s'applique, elle,
à un monde réel ou masses et énergie trouvent leur
place. C'est le cadre théorique actuel le plus large de la métrologie
du temps . Les diverses échelles de temps réalisées
par des méthodes astronomique ou physique ont pour cadre ces différents
modèles théoriques. L'année 1967 a été
une période charnière dans l'histoire de la mesure du temps
puisque la seconde du système international a été
définie à partir d'un phénomène physique et
non plus à partir du mouvement des astres: "La seconde est la
durée de 9192631770 périodes de la radiation correspondant
à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état
fondamental de l'atome de césium 133". Les notions concernant
les échelles de temps astronomiques
ou atomiques sortent
du cadre de cette brève présentation mais les ouvrages cités
dans la bibliographie ainsi que les divers liens apporteront de plus amples
informations.
Les comparaisons continentale et intercontinentale des horloges atomiques
Il existe de nombreux organismes
dans le monde qui possèdent des horloges atomiques ou des étalons
primaires de fréquence. Bien sûr chacun de ces organismes
souhaite comparer ses propres
instruments à ceux des autres à des fins d'évaluation
et d'amélioration de leurs qualités métrologiques
ou simplement pour participer au calcul du temps atomique international,
TAI
. La méthode la plus classique pour comparer des horloges distantes
consiste à employer les satellites du Global Positioning System,
GPS.
Un satellite du GPS
Le GPS est un système militaire de radionavigation constitué
d'un ensemble de satellites en orbite à 20000 km autour de la Terre.
Chaque station équipée d'une des horloges à comparer
reçoit les signaux d'un satellite du GPS. Les temps d'arrivée
des signaux sont datés grâce à l'horloge de la station
réceptrice alors que les temps d'émission de ces signaux
par un satellite quelconque sont datés dans l'échelle de
temps de l'horloge embarquée par ce satellite. Un algorithme permet
de faire la correspondance entre l'échelle de temps du satellite
et le temps du GPS. En faisant une simple différence des observations
effectuées aux mêmes instants dans les deux stations le temps
du GPS disparaît et il est ainsi possible d'obtenir la différence
de lecture des horloges des deux stations.
Applications de la métrologie du temps
Toutes les études entreprises en métrologie du temps ont
bien sûr des applications. Dans le domaine de la recherche fondamentale
on peut citer les tentatives de raccordement des unités du SI à
la définition de la seconde car c'est l'unité qu'on sait,
de loin, le mieux réaliser (incertitude relative de l'ordre de
10-15). Certaines constantes de la physique peuvent être
déterminées par la seule mesure de la fréquence de
phénomènes physiques, on peut alors obtenir leur valeur
avec une très faible incertitude: La constante de Rydberg, le facteur
de Landé de l'électron et la constante de structure fine
en sont quelques exemples. La métrologie du temps a également
un impact sur la physique atomique par le biais de la vérification
de la linéarité de la mécanique quantique (équation
de Schrödinger) et par sa contribution à la connaissance de
certaines propriétés atomiques et moléculaires.
La mesure du temps intervient également dans les tests des modèles
de structure de l'espace-temps et de la gravitation par l'utilisation
directe ou indirecte des étalons atomiques de temps. La finalité
de ces tests est la discrimination des différentes théories
de la gravitation, la relativité générale d'Einstein
n'étant qu'une théorie parmi d'autres. La métrologie
du temps trouve aussi sa place dans bon nombre d'applications de positionnement,
de géodésie ou de navigation: Le système GPS en est
un exemple, le GLObal NAvigation Satellite System (GLONASS) ainsi que
les systèmes DORIS
(Détermination d'orbite et radiopositionnement intégrés
par satellites) et PRARE
(Precise Range Rate Equipment) en sont d'autres. La technique de radio-interférométrie
à très longue base dite VLBI
(Very Long Baseline Interferometry) trouve des applications dans l'étude
de la rotation
de la Terre et dans la formation des systèmes
de référence céleste et terrestre.
Le radiotélescope de Fairbanks (station
VLBI)
Les mesures VLBI font appel à la stabilité de fréquence
des masers à hydrogène présents dans les stations
d'observation: c'est le domaine de la métrologie du temps. Les
pulsars millisecondes
sont des objets dont l'observation a démontré que leur stabilité
de fréquence pouvait peut-être rivaliser avec la stabilité
des meilleures échelles de temps atomique (TAI, TT(BIPM),...).
Des études
de très longue haleine sont en cours pour connaître la réponse
à cette question. La métrologie du temps est doublement
présente dans ces recherches. Premièrement parce que les
temps d'arrivée des impulsions radio émises par ces astres
sont datés par rapport à une horloge atomique présente
dans la station d'observation. Deuxièmement parce qu'il faut raccorder
cette horloge aux meilleures échelles de temps atomique à
des fins de comparaison.
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