Les étoiles
La mort des étoiles
Les phases finales de l'évolution d'une étoile dépendent
principalement de sa masse. On l'a vu, plus l'étoile est massive,
plus sa température centrale est grande sous l'effet de la pression
qui doit s'opposer à l'effondrement gravitationnel. Une fois que
le coeur de l'étoile a transmuté son hydrogène en
hélium, il se contracte de nouveau puisqu'il n'y a plus de réactions
nucléaires pour maintenir la température et donc la pression.
Les objets de masse inférieure à 0,07 masse solaire ne
sont pas suffisamment massifs pour que leur température centrale
atteignent les quelques millions de degrés nécessaires à
la fusion de l'hydrogène. Elles ne portent pas le nom d'étoile
mais de naine brune.
Les étoiles de 0,07 à 0,5 masses solaires vont brûler
lentement de l'hydrogène dans leur cur Lorsqu'il n'y a plus
d'hydrogène à brûler, le cur se contracte et
les électrons deviennent dégénérés
avant d'atteindre la température nécessaire à la
fusion de l'hélium. L'étoile devient une naine blanche d'hélium.
Un des résultat de la mécanique quantique (qui décrit
le comportement des particules élémentaires constituant,
entre autres, la matière) établit qu'il existe des volumes
élémentaires qui ne peuvent contenir plus de deux particules
(fermions) de même type. C'est le principe d'exclusion de Pauli.
La matière est dite dégénérée lorsque
sa densité est telle que les particules qui la constituent parviennent
à remplir presque tous les volumes élémentaires.
La matière est constituée de noyaux (protons et neutrons)
et d'électrons. Les premières particules à atteindre
l'état de dégénérescence sont les électrons.
Les naines blanches sont composées d'un mélange de noyaux
non dégénérés et d'un gaz d'électrons
dégénérés. La pression ne dépend alors
plus de la température mais uniquement de la densité. Le
pression des électrons dégénérés est
suffisante pour s'opposer à la gravité pour des objets de
masse inférieure à une masse limite dite masse de Chandrasekhar
(car prédite par l'astronome Indien Subrahmanyan Chandrasekhar).
Cette masse limite est d'environ 1,4 masse solaire. La taille d'une
naine blanche est comparable à celle de la Terre ce qui correspond
à une densité pouvant atteindre une tonne par centimètre
cube. Au delà de la limite de Chandrasekhar, les électrons
atteignent des vitesses relativistes ce qui à pour effet de diminuer
la pression. La matière se condense encore et les électrons
"pénètrent" dans les noyaux et fusionnent avec les protons
pour former des neutrons. La matière n'est alors plus composée
que de neutrons dégénérés. Une étoile
à neutron à une taille typique de quelques dizaines de kilomètres
seulement pour une densité pouvant atteindre un milliard de tonnes
par centimètre cube (la Terre tiendrait dans une sphère
d'une centaine de mètre de diamètre!). Au delà de
3 masses solaires environ (masse limite de Landau-Oppenheimer-Volkoff),
les neutrons deviennent à leur tour relativiste et plus rien ne
peut s'opposer à la gravitation. Le corps s'effondre pour former
un trou noir.
Entre 0,5 et 7 masses solaires environ, une fois qu'il n'y a plus d'hydrogène
à brûler au cur de l'étoile, l'hydrogène
se met à brûler dans une couche mince enveloppant celui-ci
et faisant gonfler les couches externes de l'étoile. Celle-ci devient
une géante rouge de rayon égal à plusieurs centaines
de fois celui du Soleil. Puis, l'hélium "brûle" dans le cur
selon la réaction "triple alpha" (trois noyaux d'hélium)
pour former du carbone puis de l'oxygène, du néon et du
magnésium par de nouvelles captures de noyaux d'hélium.
À la fin du stade de géante rouge, une étoile de
cet intervalle de masse éjecte ses couches externes (représentant
l'essentiel de sa masse) en quelques dizaines de milliers d'années
pour former une nébuleuse planétaire tandis que le cur
de l'étoile, de masse inférieure à la limite de Chandrasekhar,
s'effondre. La température du cur n'atteint pas les 600 à
800 millions de degrés nécessaires à la fusion du
carbone et il finit en naine blanche (composée de carbone et d'oxygène)
de masse inférieure à 1,4 masse solaire et d'environ 1000
km de rayon.
La "nébuleuse de l'anneau"
(M57, Photo F.L. Whipple Observatory)
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La nébuleuse "oeil de chat"
(NGC 6543, photo Hubble Space Telescope)
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Deux belles nébuleuses planétaires
marquant l'évolution finale d'étoiles de petite masse.
Dans les deux cas, on distingue bien l'enveloppe éjectée
visible parce qu'elle est ionisée par l'intense flux ultra-violet
émis par le cur de l'étoile lui-même est en
train de devenir une naine blanche.
Entre 8 et 12 masses solaires après la fusion de l'hydrogène,
puis de l'hélium dans le cur, le carbone peut fusionner pour
former des atomes jusqu'au silicium . au delà de 12 masses solaires,
l'oxygène fusionne dans le cur L'étoile géante
ou supergéante rouge est le siège de nombreuses réactions
nucléaires qui s'équilibrent et prend alors une structure
en "pelure d'oignon" : un cur de fer se forme entouré de
coquilles de températures décroissantes correspondant à
des réactions nucléaires et des compositions chimiques différentes.
Au cours de ces réactions, des éléments de plus en
plus lourds jusqu'au fer peuvent se former principalement par captures
de noyaux d'hélium eux-mêmes produits par la désintégration
de noyau légers (carbone, oxygène, néon, magnésium,
silicium...) par des photons gamma. Dans certaines couches de l'étoile
géante ou supergéantes, certaines réactions nucléaires
libèrent des neutrons. Ces particules peuvent être capturées
par les noyaux et peuvent former des noyaux plus lourds que le fer.
Le fer étant le noyau le plus stable, le cur de l'étoile
n'est plus le siège de réactions nucléaire. Pour
supporter l'effondrement gravitationnel, le cur se contracte et
les électrons deviennent dégénérés
fournissant la pression nécessaires. Mais la couche proche du cur
continue de produire du fer à partir de noyaux plus légers,
augmentant ainsi la taille du cur Lorsque la masse du cur
dépasse la limite de Chandrasekhar, masse au dessus de laquelle
la pression des électrons dégénérés
n'est pas suffisante pour contrebalancer la gravité, le cur
s'effondre de nouveau. L'énergie gravitationnelle est libérée
sous forme de photons à très haute énergie et de
neutrinos. Les photons cassent les noyaux de fer. La matière devient
alors excessivement dense et n'est plus formée que de neutrons,
les électrons fusionnant avec les protons. La densité est
telle que les neutrons sont dégénérés et peuvent
s'opposer à la gravité. Le cur de l'étoile
devient une étoile à neutrons. Ce processus est très
rapide (quelques fraction de secondes). Dans le même temps, une
onde de choc, créée par le vide libéré, se
crée et, avec le flux intense de neutrinos, fait exploser les couches
externes de l'étoile en une supernova. Au cours de l'explosion,
un flux intense de neutrons est libéré. permettant de créer
rapidement des noyaux très riches en neutrons. Ces noyaux ne sont
pas stables et une partie des neutrons se transforment en protons (en
produisant des positrons et un neutrinos). Des noyaux plus lourds que
le fer sont alors formés. Avec l'explosion, les couches externes
sont donc renvoyées dans le milieu interstellaire qu'elles enrichissent
avec les éléments précédemment synthétisés.
La "nébuleuse du Crabe" (M1, photo Sven Kohle et Till Credner,
Bonn) résidu d'une supernova vue par les Chinois en l'an 1054.
L'étoile à neutrons centrale, émet principalement
en rayons X et en radio.
Si la masse initiale de l'étoile est supérieure à
25 fois la masse du Soleil, l'explosion de la supernova n'est pas suffisante
pour évacuer toutes les couches externes et une partie retombe
sur l'étoile à neutrons. La pression des neutrons dégénérés
peut alors ne plus suffire pour s'opposer à l'effondrement gravitationnel
si la masse résiduelle est supérieure à environ 3
masses solaires. En fait, plus rien ne peut résister à cet
effondrement et un trou noir se forme.
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