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Qu'est-ce que la matière noire ?

Qu'est-ce que les mirages gravitationnels ?

Par bien des aspects, les effets de lentille gravitationnelle ressemblent aux effets de lentilles optiques que l'on expérience quotidiennement. - Par exemple, des images multiples de phares de voiture sont observées en été quand la route a été chauffée durant la journée. Il y a un gradient de température dans l'air et la lumière des phares est déviée vers les couches d'air frais (plus dense)... (Voir d'autres exemples didactiques sur http://vela.astro.ulg.ac.be/themes/extragal/gravlens/bibdat/fran/gld_homepage.html, http://theory2.phys.cwru.edu/~pete/GravitationalLens/GravitationalLens.html ).

Si par contre, la lentille est de taille stellaire ou sub-stellaire, ces effets géométriques (< 0.001'') sont beaucoup plus petits que la résolution des télescopes classiques ( ~1''). C'est ce que l'on appelle des effets de microlentille. Il est donc impossible de détecter des effets géométriques à ces échelles-là. Par contre, et c'est la beauté de la chose, dans ce cas de microlentilles, la lentille gravitationnelle focalise néanmoins les rayons lumineux, et ce que l'on peut détecter c'est une augmentation du flux de la source. Cette augmentation va varier en fonction du déplacement transversal de la (micro-)lentille. La signature du phénomène de microlentille est une variation du flux de la source, sur des échelles de temps pouvant aller typiquement de quelques jours à quelques années.

  
figure34 Cas des quasars multiples et des effets de microlentille qui peuvent affecter ses images.



Une telle configuration se produit dans le cas des quasars multiples : une galaxie lentille dédouble l'image du quasar. Si une étoile ou un MACHO de cette galaxie lentille passe devant l'une de ces images, la magnification d'une image sera décorrélée des variations intrinsèques du quasar. Cela a été observé sur quelques systèmes. Des observations de longue haleine sont nécessaires pour pouvoir conclure quant à l'origine de ces phénomènes.

Sinon un sujet à la mode est de rechercher des effets de microlentille sur des étoiles de galaxies proches et où les lentilles seraient des MACHOs du halo galactique. Ainsi, si le halo de notre Galaxie était constitué d'objets compacts (MACHO) ayant une masse de 0.01 Mo , l'observation d'étoiles dans une galaxie voisine pourrait nous permettre de mettre en évidence le phénomène de microlentilles. Par exemple, si un MACHO passe devant une étoile du Grand Nuage de Magellan (galaxie satellite de la Voie Lactée), le flux de cette étoile sera amplifié par le passage de cette lentille. - Note : le phénomène de mirage gravitationnel est proportionnel à la distance de la source (et celle de la lentille). Ainsi à l'échelle d'une galaxie, l'effet d'occultation n'est pas sensible, car les rayons lumineux sont déviés et l'amplification du flux de la source l'emporte. Si les distances qui entrent en jeu sont plutôt celles du système solaire, alors le phénomène de mirage gravitationnel sera négligeable et l'occultation l'emportera. - Dans la pratique, les abjects compacts ainsi détectés pourraient également appartenir à la population du disque ou du bulbe. Cela constitue donc une méthode élégante pour détecter d'éventuels Machos qui se promènent entre nous et les étoiles du Grand Nuage de Magellan. Pour en apprendre plus sur le phénomène de microlentille, consulter les pages de P. Sackett (en anglais) : http://www.astro.rug.nl/~psackett/NVWS/Microlenses.html

Néanmoins, la probabilité de détecter un tel événement de microlentille est extrêmement faible : en observant une étoile du Grand Nuage de Magellan, on a une chance sur un million d'observer ce phénomène. Il s'agit donc de chercher une aiguille dans une botte de foin... Les personnes qui avaient envisagé le problème, il y a quelques décennies, avaient conclu que cela était impossible. Aujourd'hui, avec le développement de l'outil informatique, ce travail de titan est devenu possible. Pour avoir une chance de détecter des phénomènes de microlentilles et de tester l'hypothèse que ces Machos constituent la matière noire, il faut être capable de suivre plusieurs millions d'étoiles pendant plusieurs années. Pour cela, il faut prendre une galaxie voisine (comme le Grand Nuage de Magellan) qui contient quelques 10 000 000 000 étoiles. Il est possible de suivre plusieurs millions d'entre elles : les étoiles résolues. - Il y a en fait beaucoup plus d'étoiles, car un grand nombre sont trop faibles pour pouvoir être résolues et donc détectées. Cela a été entrepris par plusieurs collaborations internationales : la collaboration australo-américaine MACHO et la collaboration française EROS ont été les pionniers. Ils ont été suivi par les collaborations américano-polonaise OGLE, française DUO, européenne AGAPE, du pacifique MOA (Japon, Nouvelle-Zélande et Australie), américano-hollandaise PLANET, américano-australienne MPS, etc.

En 1993, les premiers événements de microlentille ont été détectés en direction du Grand Nuage de Magellan, démontrant ainsi le succès de la méthode. Un événement de microlentille classique est très distinctif des étoiles variables connues. Ainsi il doit être unique (à l'échelle de plusieurs générations, une chance sur un million...), il a la propriété de ne pas dépendre de la couleur (car c'est un effet géométrique), et il a la forme caractéristique présentée sur la figure. Dans la pratique, les objets compacts détectés pourraient également appartenir à la population du disque ou du bulbe. Ainsi, quelques centaines de ces événements ont été détectés, la plupart sur des étoiles de notre Galaxie comme sources et avec des étoiles de notre Galaxie comme lentilles.

Pour plus d'informations sur les groupes qui ont entrepris ces recherches, consulter leur site :